Cuba - 10/04/2020
Nous avons quitté la Havane pour quelques jours en pleine nature.
Direction l’Ouest de l’île, un endroit classé au patrimoine de l’Unesco depuis 1999 : Vinales au cœur de « la Sierra de los Organos » est devenue l’une des villes les plus touristiques de Cuba !
Située à 30 kms de Pinar del Rio, Vinales est mondialement connue pour sa culture de champs de tabac et ses reliefs uniques créés par des mogotes ou pains de sucre.
Ces buttes montagneuses de calcaire, creusées par d’innombrables grottes, pouvant parfois atteindre 300m de hauteur sont recouvertes d’une épaisse végétation.
Dès le petit matin, l’envie de partir découvrir ce paysage plutôt insolite nous emmène sur des sentiers battus, longés par des champs de tabac et parsemés de séchoirs ou « casas de tabacco ». Ce sont des bâtiments triangulaires en bois, avec un toit de palme, qui semblent perdus au milieu des plantations.
La terre est rouge et fertile et les conditions climatiques sont idéales pour la culture du tabac.
Laurence et moi décidons de fuir la masse de touristes et prenons des chemins un peu au hasard. On se laisse éblouir par ce paysage et nous mettons notre radar intuitif en action.
Mon regard est attiré par une ferme en toit de palme, perdue au milieu de cette étendue rouge et verte. On s’approche, puis on aperçoit une femme dans la cour. Les chiens ont déjà signalé notre présence.
Nos regards se croisent, elle me sourit, m’invitant à entrer. On commence tout de suite à parler de la plantation, de son travail. Elle nous ouvre la porte de son atelier pour une démonstration de fabrication de cigares.
Pratiquement toute la production est vendue à l’état, mais le paysan a le droit d’en conserver une partie : 10% peut être vendu aux touristes.
Elle nous explique l’étape importante de la macération où chacun a sa propre préparation pour humidifier les feuilles et leur donner des arômes (miel, rhum, et parfois vanille) avant la fermentation.
Pour la démonstration, elle choisit des feuilles parfumées au miel. Elle prend le temps de rouler soigneusement les feuilles pour que l’on puisse vraiment admirer ce travail soigné. Elle devient sérieuse et concentrée.
Je remarque que même dans la campagne profonde, les Cubaines ont toujours les ongles parfaitement manucurés.
Elle allume le cigare et Laurence commence à fumer avec elle. La conversation change, elle nous parle de sa vie de femme et on partage des anecdotes, on rigole : petit moment d’échange et de partage.
Puis elle nous invite à prendre un café, fait dans les règles de la tradition avec les graines provenant de la petite ferme de son père, située un peu plus en hauteur.
Cette maison en bois, en terre battue, sans fenêtres, avec de simples ouvertures est magnifique. C’est un retour vers le passé : la cuisine à l’ancienne avec son poêle à bois, le petit moulin à café, 2 chaises à bascule pour savourer ce délicieux breuvage ... On regarde les poules picorer en liberté et on écoute le coq chanter (il n’y a pas d’heure le coq cubain !). Nous avons une vue majestueuse sur la vallée. Ça c’est le bonheur !
Les odeurs se mélangent : la nature humide, les fleurs du jardin, les bananiers plantés à côté et le cochon dans l’enclos donnent un parfum unique à cet endroit. En fermant simplement les yeux, je revois encore la scène.
Nous repartons, cette fois de l’autre côté de la vallée pour aller déjeuner dans un petit restaurant familial, perché sur les hauteurs.
Histoire de bien digérer (le repas était délicieux mais copieux), nous décidons de rentrer à pieds pour rejoindre Vinales.
Bien sûr, nous ne sommes pas équipés du vieux « guide du routard », alors on se fie à notre boussole naturelle et on tente l’aventure…
Nous empruntons l’unique chemin qui descend. La végétation est luxuriante, les mogotes face à nous et le soleil déclinant nous offrent une lumière chaude juste parfaite !
On rejoint facilement les champs de cultures. Il y a plusieurs sentiers (certains sont même très boueux) mais on se laisse guider.
Laurence flâne et prend le temps de faire des photos, moi je marche devant, je me dis que cet endroit est digne d’un décor de ciné. C’est calme, paisible, ressourçant.
Je suis émerveillée par toute cette beauté. Ce mélange subtil de nature sauvage et d’agriculture traditionnelle, en parfaite harmonie, est un exemple à suivre.
Il y a un équilibre naturel que les paysans cubains ont su parfaitement préserver.
Il n’y a personne sur ces chemins; mais au loin j’aperçois un homme labourant la terre, aidé de ses bœufs. Ici tout ce que l’on mange est récolté et élevé sur place.
Le soleil couchant nous offre un paysage de carte postale, mais je me demande soudain si nous arriverons avant la nuit ? Je considère déjà la possibilité de dormir dans une de ces granges.
Et tout à coup, comme une transmission de pensée ou un coup de pouce du destin… un homme à cheval, posture bien droite, chapeau de cow-boy, moustachu et le cigare à la bouche descend d’un chemin.
Moi qui ne croyais plus au prince charmant, le voilà qui apparaît… !
Pas étonnant puisque nous sommes en plein décor cuba- hollywoodien !
Je le regarde. Il me regarde. Puis il me sourit. J’ose alors lui lancer un peu timidement : « Nous sommes encore loin du village ? »
Toujours souriant, il nous regarde toutes les deux. Laurence venait de nous rejoindre.
« Ça vous dit de rentrer en taxi ? »
Je le regarde avec de grands yeux, l’air étonné.
« Vous savez monter à cheval ? »
« Euh oui, oui ! »
« Et bien, l’une devant et l’autre derrière ! »
Avec Laurence, on se regarde, on sourit. La complicité est bien là, et c’est parti.
Je monte devant, un peu serrée sur la selle (je vous rappelle que nous la partageons à 3).
Mais cette aventure, inattendue et inespérée, est grandiose. Je continue d’admirer le coucher de soleil. Il faut dire qu’à dos de cheval c’est encore plus beau !
Je me sens bien, en symbiose avec le moment présent, encore une fois, un autre moment de bonheur !
Finalement, nous arriverons juste avant la nuit pour finir la journée à danser la salsa sous les étoiles de Vinales, dans l’unique discothèque en plein air du village.
Récit d’un voyage à Cuba.
Myriam.